Trio « les friandises »

“Bach en transcription”

Un programme exclusivement consacré à des transcriptions d’oeuvres de Johann Sebastian Bach, exercice courant dont le Cantor ne s’est pas privé. Car aujourd’hui encore, comment savoir, parmi les sonates en trio, avec clavier obligé ou pour clavier seul, lesquelles nous sont parvenues dans leur formation originelle ?

Nous brouillons encore les pistes en transcrivant pour notre formation des oeuvres originellement écrites pour violon, luth, clavecin ou orgue. Une manière très vivante de (re)découvrir des pièces fantastiques, rafraîchies par la nouvelle instrumentation.


Sonate en trio en ut majeur pour 2 flûtes et basse continue, BWV 1037
Adagio – Alla breve – Largo – Gigue
(original pour 2 violons et basse continue)

Choral Allein Gott in der Höh sei Ehr en ut majeur, BWV 664 pour 2 flûtes et basse continue
(original pour orgue, Choral de Leipzig)

Sonate en trio pour 2 flûtes et basse continue en mi mineur, BWV 1036
Adagio – Allegro – Largo – Vivace
(original pour 2 violons et basse continue en ré mineur)

Choral Nun komm, der Heiden Heiland en sol mineur, BWV 660 pour viole de gambe et basse continue
(original pour orgue, Choral de Leipzig)

Suite imaginaire pour flûte(s), viole de gambe et clavecin, mêlant des mouvements de la suite française n°3 en si mineur, BWV 814 (original pour clavecin) & de la suite en ut mineur, BWV 997 (original pour luth)
Preludio, Allemande, Courante, Sarabande, Menuets 1 & 2, Gigue, Fuga

“Les affections de l’Âme”

À l’orée d’une nouvelle sensibilité.

Les années 1730-1760 voient cohabiter (et se mêler aussi) le style dit galant, que l’on associe parfois à l’idée du rococo, et le courant de l’Empfindsamkeit (style “sensible”), qui apparaît en réaction au rationalisme des Lumières. Dans les deux cas, on cherche à surprendre, à se libérer de dogmes de bonne facture et du “bon goût” aristocratique pour oser des libertés formelles, harmoniques ou rythmiques et toucher ainsi l’auditeur par des effets, des audaces et des contrastes au service d’une extrême sensibilité, presque à fleur de peau.

C’est à la fois la fin d’une période : le Baroque dans son acception large ; mais aussi l’annonce d’une nouvelle ère de l’histoire de la musique. Dès les années 1730, le très jeune Carl Philipp Emanuel Bach ouvre réellement une nouvelle voie, on y sent les prémisses du Sturm und Drang. Haydn et Mozart se réclameront d’ailleurs “ses fils”. Mais dans ces mêmes années, quelques musiciens de la génération précédente sont déjà en marche vers ce nouveau monde sensible.

J.S. Bach, que l’on qualifie volontiers d’austère, s’inscrit pourtant lui aussi dans cette sensiblité nouvelle.

Réentendre certaines de ses oeuvres sous cet angle nous aide à resituer son oeuvre dans cette période galante en plein mouvement. Tout le vocabulaire utilisé, notamment les ornements, s’y inscrit naturellement.

Les cours princières s’embourgeoisent, les salons bourgeois s’aristocratisent… Quel instrument mieux que la flûte traversière, l’instrument du roi de Prusse, pour se plonger dans cette période si riche et emblématique, et pourtant si rarement jouée ?

Valérie Balssa

Après des études de flûte traversière au CNSM de Lyon, et l’obtention d’un premier prix en 1987, Valérie Balssa se spécialise dans l’étude des flûtes anciennes et obtient son diplôme supérieur de soliste avec distinction (actuel Master) en 1992, au Conservatoire Royal de Bruxelles dans la classe de Barthold Kuijken.

Elle joue alors et enregistre avec des ensembles baroques prestigieux tels que Les Arts Florissants (William Christie), La Simphonie du Marais (Hugo Reyne), Les Musiciens du Louvre (Marc Minkowski), Akadêmia (Françoise Lasserre), Matheus (Jean-Christophe Spinosi)… Elle fait actuellement partie de l’ensemble La Chapelle Rhénane (Benoît Haller).

En musique de chambre, qu’elle affectionne particulièrement, elle a enregistré de nombreux CD, notamment avec son frère Emmanuel, violiste et violoncelliste, la claveciniste Blandine Rannou et Catherine Girard au violon, au sein de l’ensemble Les Conversations (label Zig-Zag Territoires), ainsi que, très récemment, des suites en solo et trio de Michel de la Barre avec l’ensemble Tic Toc Choc qui réunit, outre son frère, Miguel Henry au théorbe, Jean-Pierre Nicolas à la flûte à bec et Michèle Dévérité au clavecin (label Incises, janvier 2021).

En 2000, elle fonde le duo A deux fleustes esgales avec Jean-Pierre Pinet, avec lequel elle a enregistré un double album de musiques françaises et des sonates en trio de J.S Bach et fils (Zig Zag Territoires). Elle joue régulièrement avec Ilton Wjuniski, grand spécialiste du clavicorde.

Elle enseigne la flûte traversière baroque, la musique de chambre et l’ornementation au CRD d’Orsay et au CRR de Boulogne-Billancourt, ainsi qu’au Pôle Supérieur Paris-Boulogne-Billancourt.

Depuis 2015, elle est directrice artistique du mini festival d’été Les petits concerts des voisins, à Locquémeau, dans les Côtes d’Armor.

Jacques-Antoine Bresch

Passionné par les flûtes anciennes, Jacques-Antoine Bresch se forme à Strasbourg au Conservatoire National de Région et à la faculté de musicologie, puis à Paris auprès de Pierre Hamon pour la flûte à bec, Hélène d’Yvoire et Marc Hantaï pour la flûte traversière baroque, instrument qu’il perfectionne ensuite en Belgique avec Frank Theuns (Institut Lemmens de Louvain) et Barthold Kuijken (Conservatoire Royal de Bruxelles), où il obtient son premier prix. Il enseigne aujourd’hui au Conservatoire de Levallois, où il assure la coordination du département de musique ancienne.

Sollicité sur ses nombreux instruments, dont certains originaux, il joue et enregistre pour le disque et la radio, en orchestre ou en formation de chambre au sein d’ensembles spécialisés, tels Stradivaria (Daniel Cuiller), Le Concert d’Astrée (Emmanuelle Haïm), Opera Fuoco (David Stern), Le Concert Etranger (Itay Jedlin), Les Paladins (Jérôme Corréas), Alia Mens (Olivier Spilmont), Trondheim Barokk, La Simphonie du Marais (Hugo Reyne), L’Académie Sainte-Cécile (Philippe Couvert), Le Concert Spirituel (Hervé Niquet), Le Parlement de Musique (Martin Gester), Les Talens Lyriques (Christophe Rousset)…

Il joue aussi avec Benjamin Steens au clavicorde, dont l’enregistrement “Bach and sons” (EPR Classic) a été salué par la critique (5 Diapasons), et avec lequel il explore les répertoires Renaissance ou plus tardif, avec clavecin ou pianoforte. Il est également membre du consort de flûtes traversières Renaissance Les Joueurs de Traverse, dont le premier enregistrement a aussi été salué par 5 Diapasons.

Belles occasions de voyages et de rencontres dans toute l’Europe, mais aussi en Chine et au Japon, où il est l’invité régulier des ensembles japonais Soleil Levant (Machiko Ueno) et Harmonia Lenis (Akemi Murakami et Kenichi Mizuuchi).

Il travaille par ailleurs dans le domaine de l’édition et a mis en page de nombreux ouvrages d’histoire de l’art.

Chiaopin Kuo

Après des études de piano à Taïwan, son pays natal, Chiaopin Kuo décide de venir en France étudier le clavecin. Elle est vite admise au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon en double cursus clavecin et basse continue, avec Huguette Dreyfus et Françoise Lengellé pour le clavecin, Jesper Christensen et Yves Rechsteiner pour la basse continue. Après son diplôme, elle part aux Pays-Bas se perfectionner au Conservatorium van Amsterdam dans la classe de Menno Van Delft. Elle complète sa formation avec Lars Ulrik Mortensen et Richard Egarr pour la basse continue.

Chambriste très active, Chiaopin Kuo est membre fondateur de l’Assemblée des Honnestes Curieux (Amandine Beyer, Antoine Torunczyk, Baldomero Barciela), ensemble avec lequel elle remporte en 1998 le 1er Prix et le Prix Spécial du jury du Concours International de musique de chambre Premio Bonporti. Elle est également à la création de l’Accademia dei Dissonanti (Sébastien Marq, Javier Zafra, Tami Troman). Avec la guitariste Caroline Cartier, elle fonde Becs et Ongles, ensemble consacré à la musique du xxe siècle et contemporaine pour clavecin et guitare. Cette ouverture vers un répertoire plus moderne l’amène à collaborer avec le compositeur Guy Printemps, dont elle crée plusieurs oeuvres originales pour le clavecin. Depuis 2019, elle travaille ponctuellement avec l’Opéra de Paris.

Au sein de ces ensembles, elle se produit dans la plupart des festivals de renom dans toute l’Europe (citons le festival d’Urbino, Musica & Poesia in San Maurizio de Milan, le festival d’Ambronay, le Théâtre du Châtelet, le festival de Radio France, le festival de Sablé, le festival baroque de Pontoise…) et enregistre des disques distingués par la presse spécialisée – Diapason d’Or, Choc du Monde de la musique etc.

Passionnée par la pédagogie, elle est titulaire du Certificat d’Aptitude de professeur de musique ancienne et enseigne le clavecin et la basse continue au sein du Conservatoire à Rayonnement Intercommunal d’Alfortville (94).